La question est en fait celle du mystère de l'inspiration. Le poète, l'artiste, n'est pas l'homme du commun. Dans le savoir-faire, l'art ne suffit pas ; mieux, il est peut-être inexistant. C'est la thèse que défend Socrate dans le ion  : ce n'est pas en vertu d'un art que Ion parle d'Homère, et ce n'est pas en vertu d'un art qu'Homère, le poète, compose ses chants magnifiques. C'est une puissance divine qui les met en branle et dans ces moment :  "Ils n'ont plus leur esprit." Ce sont des hommes habité par Dieu : des enthousiastes. C'est la divinité qui parle par leur voix. Le Phèdre précisera les quatre sortes de délire inspiré des dieux : divinatoire, mystique, poétique et amoureux.

D'un autre côté,  Daniel Lagoutte, soulève le problème du fameux "xxx" d'Aristote. Il ne s'agit plus ici de possession divine mais de dérèglement physiologique. Dans le Système de l'Antiquité, et qui perdurera jusqu'au XVIIIe siècle, l'excès de bile noire (melas chole) et ses variations entre le chaud et le froid déterminent un tempérament et des transformations du comportement. Et les poètes en seraient affectés.
C'est sur ces deux explications, possession et délires ou trouble de l'humeur, que se fonde toute la tradition du génie atteint de folie.