"Peindre est un moyen de pénétrer en soi, de se découvrir, de prendre connaissance de tout ce qui dort où s'agite dans le fort intérieur, puis de figurer ce qui exige de prendre forme. Tension et détente s'équilibrent. Il importe donc que l'activité intérieure soit au repos, qu'elle ne vienne pas perturber la concentration à obtenir. L'inspiration se rapporte aussi à la respiration et lorsque on est en expiration profonde on peut transmettre son inspiration à l'œuvre: tout ça c'est une belle histoire de respiration. Cela paraît si simple. Mais croyez-moi pour parvenir à « être sans-vouloir », cela demande une activité intense, l'air de rien. La peinture exige de cet autre état de conscience pour agir à partir de l'essence. Un sans-vouloir naturel, libéré de la pensée résonante, de la pensée analytique, des dogmes moraux, des automatismes de perfection, de la préoccupation des apparences. Il s'agit bien de tout oublier de cet état d'être là. Tout oublier jusqu'à l'abandon du moi pour un temps. Oublier ce que l'on veut être, car c'est un frein au destin. Oublier ce que l'on croit être car c'est une prison qui ne nous laisse que peu de chance de découvrir notre territoire inconnu.
Transcrire la beauté par la beauté n'est pas intéressant. Le début de l'aventure, c'est peut-être quand on a plus que son regard intérieur pour construire. La belle idée derrière l'impermanence, c'est que l’on n’impose pas la forme, elle est vécue et découverte par celui qui entreprend la balade des mouvements du trait dans son mental. Il y a une expérience d'union indéterminée, et vivre en suivant la trace. Le trait chantant, la résonance passe d’un coup de pinceau à l'autre, et son esprit contemplatif et réceptif relie tout de lui-même. En cultivant ce principe vital, chaque œuvre a le pouvoir de vous régénérer, de vous fortifier intérieurement et de vous transporter vers une possible randonnée imaginaire.
Il est possible de transmettre en sculpture le fruit d'une contemplation intérieure. Une perception immédiate, un choc stimuli qui pourrait atteindre le subconscient et les sens de celui qui regarde. Sans esquisse préliminaire, c'est au cœur de l'être que je trouve la forme. La puissance expressive prime sur la vraisemblance. La quête se porte sur la teneur de la forme, la réverbération du sens, sa valeur spirituelle plus que la forme elle-même. Expérience réelle de la genèse."

Le sculpteur abstrait en taille directe de bois, témoin des manifestations du vivant, crée le Vital.