Henry Moore
L'art primitif va bien plus loin, il pose une affirmation sans détour, c'est l'élémentaire qui le concerne au premier chef et sa simplicité vient d'un sentiment direct et fort, ce en quoi il diffère profondément de cette simplicité pour la simplicité, aujourd'hui à la mode, et qui n'a pas de contenu. Comme la beauté, la vraie simplicité est une vertu qui n'a pas de conscience d'elle-même; elle vient chemin faisant et ne peut jamais être une fin en soi.
La qualité la plus frappante des arts primitifs, commune à tous, est leur intense vitalité. C'est quelque chose que les gens ont fait en réponse directe et immédiate à la vie. En dehors de la valeur permanente qu'il a par lui-même, la connaissance de cet art permet une appréciation plus pleine et plus exacte des développements ultérieurs des soi-disant grandes époques, et montre que l'art est une activité universelle et continue, sans séparation entre le passé et le présent. Henry Moore "Primitive Art" The Listener, Londres, avril 1941
Paul Guillaume "à propos de l'art des noirs" Action, avril 1920
L'art nègre est le sperme vivificateur du 20e siècle spirituel. Le sauvage qui tailla dans l'énorme séquoia l'effigie de l'ancêtre, du sorcier, de l'homme, n'eut point le souci d'art : Il accompli un acte hiératique sensuel, et non pas un travail stipendié ainsi qu'il se conçoit inévitablement aujourd'hui. Son œuvre est fatalement une création désintéressée car des vertus naturelles seules présidèrent à son exécution : Virilité, amour, ferveur, tendresse, désir du meurtre, poésie du fleuve, de la forêt, du tonnerre, de l'éclair, de la lumière ou de la lune...
C'est un bonheur de ce siècle d'avoir fait émerger de l'Antique Afrique, les splendeurs d'une statuaire dont le règne ne fait que commencer.
Alberto Magnelli (vers 1900)
Ce qui m'attire spécifiquement dans l'art nègre, c'est avant tout la puissance plastique et l'invention des formes. La signification de ces masques, de ces fétiches, de ces objets, leur usage, leur magie, m'intéressent évidemment, mais après le fait sculptural même. Comme peintre, c'est avant tout la manière dont ces sculpteurs africains ou Océaniens m'ont posé et résolu les problèmes puissamment plastiques, les moyens d'expression et la richesse d'une invention extraordinaires qu'ils ont employés à travailler et à réaliser, avec le temps illimité à leur disposition, sans préoccupation des heures, des journées ou des mois que cela prenais. On sent, on voit qu'ils y ont mis tout le temps qu'il fallait, quelle que soit la région, ils ont toujours été eux même. C'est cela que je trouve grand et que j'admire.
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